A ceux qui croient qu’être née femme est une limite ou un déterminisme, aux spéculateurs de la
pensée proclamant qu’on le devient, qu’il faut nous libérer de la toile des siècles d’un
conditionnement tissé par un patriarcat jaloux de ses prérogatives sociales, politiques, culturelles,
« Et Dieu créa la femme », nous guide à la source d’une féminité dépouillée des illusions qui la
corrompent. A sa genèse.
On découvre, dans la chair du texte délicatement ciselée, quelques citations dont l’éclat insolent
confond le mensonge d’une égalité intégrale, comme cette phrase énigmatique de Léon Bloy : « plus
une femme est sainte plus elle est femme. »
Soudain, la perspective s’inverse, le monde se retourne comme un gant, la conquête de la terre est
abandonnée pour un envol à l’assaut du Ciel.
Maryvonne Gasse nous le rappelle : C’est là, la vocation de la femme, sa mission silencieuse
scintillant telle l’étoile du matin, l’étoile d’un seuil sans retour… Liberté d’une transparence d’un
cœur donné au risque de l’Amour, liberté inaliénable d’un Oui déchirant les temps qui désormais la
diront bienheureuse… L’Esprit suspend Son Souffle au souffle de Marie.
C’était à Nazareth et le nom de la Vierge était Marie. Ce Oui fut une révolution, au sens
étymologique. Les potentats furent renversés de leurs trônes, les humbles relevés de l’oubli, les
proscrits assis parmi les princes. Les cœurs purs virent le Ciel s’ouvrir.
« Et Dieu créa la femme » n’est pas un hymne, une ode lyrique aux dames d’antan, une nostalgie
s’écoulant des crépuscules d’égéries maternelles, un chant du cygne de déesses païennes, un éternel
féminin émergeant du génie des siècles d’un christianisme à l’agonie. Non. Ce livre se situe au-delà, à
la frontière d’une révélation au sein de la Révélation : Apocalypse du Féminin ? Oui, en ce sens qu’il
Dévoile cette altérité fondamentale aux racines de l’être… Altérité dans l’unité de la sponsalité,
altérité de la virginité, altérité dans le don absolu de la maternité. Maternité engendrant l’esprit au
cœur de la chair, cette chair de la mémoire où brille comme un Soleil Levant la Memoria Dei.
Sur les pas de Gertrude Von Le Fort, Maryvonne Gasse nous confie que c’est au-delà du voile, sous la
Tente de la Présence, que S’accomplit dans le secret de la contemplation ou de la gestation, le
Mystère de la Grâce transfigurant la vie donnée. Absolument donnée. Auréolée de la Promesse de sa
résurrection future. Scintillant de tout ce qui fut perdu pour la vie de l’autre. Accueillant cet autre tel
un don du Tout Autre.
« L’Esprit Saint Te prendra sous Son Ombre», lui annonça l’Ange et il la quitta. »
L’Ombre est l’Habitation de La Lumière, et Dieu Se Voile de Sa Lumière. C’est au cœur de ce Mystère,
et par-delà le Voile que Marie voit, ouvre la voie. Le Verbe Se fit Chair en sa chair… En notre chair,
désormais. Depuis, dans le Oui lumineux de Marie, la femme est gardienne du temple, sentinelle
postée aux portes de l’Indicible, aux fêlures où perce l’Invisible. Au seuil de toutes les nuits où le
Verbe brûle comme un Feu. Comme IL brûla en elle.
Au commencement Dieu créa la femme… De la côte d’Adam, elle jaillit, fontaine scellée où se lit le
Grand matin du monde avant la chute abîmé par son non. Mais au Cœur de l’Eternel, au Brasier
Trinitaire, jouait déjà Marie… « Ecce, Oui, et Magnificat » de l’enfance sautant à la gorge du temps,
déliant ses cordes, sautant par-dessus bord de la mort dressée tout contre le péché des origines.
Et le Verbe Se fit Chair… Dans la chair de Marie.
Depuis ce Oui éclatant et sans pourquoi qui renversa la nuit, la Demeure de Dieu parmi les hommes
fit de la chair de l’Homme, le temple du Très-Haut. Et Il Se fit très-bas, au milieu de nous… Là, sous
l’hymen de la virginité abritant comme un voile, le sanctuaire inviolé de notre conception, Dieu
appelle l’âme par un nom que Lui Seul sait, inspire. Dès l’apparition du génome… Parfum de Son
empreinte au toucher de Son Cœur.
Si la promulgation du dogme de l’Immaculée Conception couronne la fin du XIXe siècle, il enveloppe
le XXe d’un linge d’Autel pour signifier que la vie de l’Homme est une offrande sacrée au silence du
berceau en cette chair maternelle. Et si, le 28 février 1988, saint Jean-Paul II place le XXIe siècle sous
l’éclat sans facette de ce Oui immaculé, c’est sans aucun doute pour révéler que le lieu de la
maternité sera l’enjeu d’une guerre sans merci car il est intersection de la terre et du Ciel, croix
dessinée au secret des entrailles pour que la civilisation des hommes ne sombre pas dans les
ténèbres d’une barbarie irrémédiable.
Car sous prétexte de d’égalité, l’altérité est violée. Sous couvert du principe de non discrimination, la
dictature de l’uniformité étend ses droits pour servir la loi des marchés. Cette relativité de lois
opaques bafoue la sainte Loi de Dieu protégeant les droits des hommes les plus fragiles et les plus
nus. Aux frontières de la vie, aux frontières de la mort. Dès sa genèse et à la tombée de sa nuit,
l’Homme désormais est livré à l’esclavage indétectable labellisant sa chair conforme et uniforme,
triant sa vie à naître ou à mourir.
Sous l’étendard de la liberté du choix d’avoir un enfant ou de ne pas en avoir, le sanctuaire du lieu de
notre conception est profané. Le droit d’être mère ou celui de ne pas l’être dessine l’avènement d’un
homme labellisé conforme, produit sur mesure, consommable ou jetable : embryons surnuméraires
congelés aux chambres fortes de la Santé Publique, nourrissant de leurs cellules la fabrication de
gamètes en série. Servant aux expériences d’une gestation artificielle de la maternité gérée comme
une matrice pour Le meilleur des mondes croyant évacuer le pire, mais condamnant l’Humanité au
fatum des séries et à la dictature du nombre.
Au Saint des Saint du tabernacle de la conception, Dieu « brode l’Homme dans le secret » au fil des
quarante-six chromosomes, au secret de la trame d’un voile où apparait soudain Son Visage. « Mon
Visage, comme un sceau sur ton cœur ». Mais les clients de la mort et les marchands du temple de
nos corps dévastent l’Autel du Don et du Pardon… Ils colonisent la conception immaculée, le lieu de
la maternité où Dieu Se dit et scelle l’irréductible liberté de nos vies. L’auteur nous le rappelle… C’est
cela que convoite le dragon, dès l’origine du monde jusqu’à la fin des temps : Au cœur de la
maternité de la femme, bat le Cœur de Dieu. Là, Sa Paternité est touchée en Sa cible. Pour que
l’Eternité nous soit fermée.
La quête de l’immortalité est à ce prix.
Véronique Lévy
Auteur de Montre moi ton visage (Préface Mgr Eric de Moulins-Beaufort), Adoration ( préface Mgr
Rey) et Jésus-Christ ou les robots aux éditions du Cerf
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