Mon entretien intégral sur Marie mère de l’eucharistie avec Véronique Jacquier pour FRANCE CATHOLIQUE ou ci dessous.
Pour vous qui est la Vierge Marie ?
Véronique Lévy : Elle est ce cœur nouveau, ce cœur de chair promis à Ezechiel : “J’arracherai ton cœur de pierre et j’y mettrai mon cœur de chair”. Elle est la table de la Loi nouvelle, de l’Alliance éternelle promise au prophète Jérémie. Elle est le tabernacle de chair du Verbe éternel. Elle est la crèche eucharistique, où nous venons goûter, Jésus. Pour devenir, chapelles ardentes de cette Eglise qui embrasera le monde du feu de Son Amour. Si j’aime tant Marie c’est parce qu’elle nous enseigne que la virginité, contre toute attente, est féconde. Les moniales sont mères par leurs prières et les souffrances qu’elles portent pour le monde entier. Marie est la mère de l’Église car elle a dit oui à l’Incarnation. L’Église, chaire de saint Pierre, s’enracine dans la chair de celle qui a porté le Verbe éternel. Il n’y a pas d’Eglise sans Marie.
Quel lien faites-vous entre Marie et l’Eucharistie ?
Marie a dit oui à l’Incarnation, mais aussi à la Croix. Le cœur immaculé de Marie est « consubstantiel » au cœur de son fils. Au pied de la croix, Elle a offert son fils à l’humanité toute entière. C’est pour cela qu’elle est aussi mère de l’Eucharistie. A la grotte Massabielle, au moment de la Consécration de l’Hostie, je l’entends murmurer, avec le prêtre in nomine Christi : « Ceci est mon corps, ceci est mon sang, j’ai tissé la chair du Verbe éternel dans ma chair, de mon sang.» Ce verbe, brûle en elle tel un Feu. Elle l’a porté ! C’est le fruit de ses entrailles comme nous le disons dans la prière du « je vous salue Marie ». Il n’y a pas d’Eucharistie sans Marie.
Vous aimez tout particulièrement Lourdes. Vous y allez très souvent. Pour quelle raison ?
Durant la saison estivale, un flot de pèlerins envahit la ville. Et puis, il y a des vagues de personnes venues s’échouer là, par curiosité ou désespoir, et qui ne savent pas prier mais j’observe chez eux, une grande soif spirituelle. Avec Marie, c’est une opération à cœur ouvert ! Il y a beaucoup de guérisons intérieures.
Quand cette marée humaine se retire, Lourdes ressemble à un désert, c’est le lieu du cœur à Cœur avec Dieu où s’incarne, selon moi, plus intensément, le grand combat que les catholiques ont à mener.
Quand Marie dit à Bernadette Soubirous : « Je suis l’Immaculée Conception », elle suggère qu’elle a été conçue sans le péché originel bien sûr, mais au-delà, elle désigne que Dieu a choisi de s’incarner en elle, pour y plonger toute l’humanité : sacrant le lieu de la conception, inviolable, et la dignité de chaque être humain, baptisé ou pas, irréductible.
Or, aujourd’hui, Satan veut défigurer l’humanité en spoliant la femme de sa maternité. Nous y sommes, avec la promotion d’un homme enceint à la une d’un hebdomadaire britannique, et dont le Planning familial fait également la publicité !
Le combat auquel je pense est celui contre la déconstruction des genres, masculin et féminin, le transhumanisme, la fabrication de chimères homme-animal, la course à l’utérus artificiel. Sans cesse, désormais, le temple de la conception est profané. Les sorciers de la techno-science créent des embryons artificiels, sans père ni mère. Les marchands du temple de nos corps commercialisent la procréation alors que par essence, elle est icône vive de ce qui ne s’achète pas : l’amour de l’homme et de la femme.
Enfin, que dire de l’OMS qui préconise des avortements jusqu’à terme, je devrais dire l’infanticide, sous le prétexte fallacieux qu’ils puissent être réalisés sans « risque » dans des pays où les femmes n’y auraient pas accès ! Au lieu de protéger la vie, on l’arrache !
L’Occident a sombré dans la barbarie depuis qu’il a renié que « les derniers seront les premiers ».
Satan s’attaque à la féminité, au sanctuaire de son ventre car il n’oublie pas la promesse de Dieu, scellée avec Eve, après la chute : la femme avec un grand F, Marie, est celle qui écrasera la tête du serpent. J’invite donc toujours à retourner à la source, à Lourdes, au sein de la grotte, pour ne pas se laisser défigurer, ni déshumaniser.
Pour moi, Lourdes est aussi le lieu de la douleur. Les pèlerins n’ont toujours pas accès aux piscines et pendant le Covid, le gel hydro-alcoolique avait remplacé l’eau de la source. Je suis choquée de voir l’Église collaborer ainsi à des normes politiques de contrôle sanitaire de la population ! Le génie du Christianisme, n’est-ce pas le « baiser au lépreux » de la jeune fille Violaine dans l’Annonce faite à Marie de Paul Claudel ? Le sanctuaire accueille chaque année la conférence des évêques de France. Ces derniers pensent-ils sauver l’Eglise avec des rapports, des comptes rendus, des QR code ? Foi, espérance, charité et prière permettent de combattre le péché. Marie ne cesse de nous le dire dans toutes ses apparitions.
Avec quelle arme combattre face aux attaques qui touchent la famille, la maternité, l’Église ?
La Vierge Marie nous a donné le Rosaire ! C’est la prière du pauvre, du petit, de l’enfant mais c’est une arme atomique contre Satan. C’est l’arme des désarmés qui n’ont rien d’autre qu’un chapelet à réciter en s’accrochant aux grains comme on s’accroche au sein de sa mère. Le rosaire c’est le cordon ombilical qui nous relie à la parole de Dieu et Son Unique Parole, Marie l’a portée, bercée, adorée. Songeons aux mystères que nous sommes appelés à méditer : la Salutation de l’ange, la Visitation, la Nativité de Jésus…
Priez-vous le rosaire ?
Pas toujours régulièrement, je le confesse. Je ne prie pas Marie, je la regarde. Il m’arrive de lui dire avec une émotion très enfantine : « Maman je t’aime ». Je vénère ce qu’elle incarne : la femme éternelle. Sa seule arme est l’amour car son cœur est tout donné à Dieu. Par Marie, on peut recevoir les rayons de la Grâce de Dieu. Elle se donne, et en s’offrant, elle nous donne Dieu. Elle est, la sentinelle de l’invisible, la gardienne de la vie. Sous sa protection nous ne risquons rien. Mais le bonheur qu’elle nous promet, comme elle l’a confié à sainte Bernadette, n’est pas de ce monde. En février 2020 j’ai fait un songe. J’étais dans une église sans mur, une église baignée d’une lumière blanche et or, et quand j’ai levé les yeux, j’ai découvert que le toit était le voile de Marie. Pour les tribulations à venir, pour l’Église des derniers temps, il faut se placer sous le voile de Marie Immaculée.
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