Bleues tes paupières dans le froid de la nuit… dans cette chapelle ardente… déjà bleu, le bout de tes doigts… croisés sur le rosaire… sous ton cœur arrêté au jardin clos de l’aube… mauves… dentelées de givre tes lèvres… d’où jaillissait l’or en fusion de tes paroles de vie… tu ouvrais des portes dans les mots. Tu révélais des sources, remontais des rivières, et moi, je te suivais… mon père… donné par le Père… figé dans le gel d’un chemin sans retour. Allume la lumière Seigneur ! Je T’en supplie… chuchote-lui : « éveille-toi oh toi qui dors, relève-toi d’entre les morts et l’amour t’illuminera ! » et je fredonne… « Ta parole… une lampe, une lampe Seigneur » … ce corps diaphane, ce visage si noble que l’Eternité empierre, c’est encore toi. Tu sembles dormir… la vie se retire doucement sous ta peau si fine… dernières vagues… le courant remonte à sa Source. Tu attends l’aurore… et moi, je te veille… toi, l’éveilleur, le marcheur… sillonnant les déserts, les villes, les montagnes et la parole de Dieu. Depuis, je pose du bleu sur mes paupières… écho de cette nuit où nous attendions… lovés dans l’obscur avant l’aube, le Soleil Levant. Tu t’es échappé de ta gangue… papillon ! Tu rejoins le Verbe de Feu… dans l’indigo pur, dans l’azur profond. Je peins mes paupières de bleu, abysse de cette nuit… où je te veillais… Du grand silence, émerge le murmure du vent au dehors… sur la neige. Et la Vierge de pierre berce Jésus… enfantant ton âme… de cette vie à l’Eternité. Le cierge pascal se consume doucement… ô Pâque… traversée mystérieuse… Dans cette chapelle, tel un navire qui fend la nuit, l’ancre est levée. Tu passes la mort… ta main blottie dans celle de Marie. Et moi, je guette… le baiser insondable… des noces éternelles, l’union scellée au secret de l’abime, de l’Amour de ton Dieu.
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